MATÉRIAUX POUR UNE HISTOIRE DES COMPTES RENDUS PARLEMENTAIRES NON INTÉGRAUX
à la mémoire de Jean Meunier, Jean Pouillon, Jean Nodot et Raoul Dubois
Le projet — L'emblème — Pourquoi "Épitomé" ? — Liste des secrétaires-rédacteurs de 1795 à 1908.
À un moment où il était question de rebaptiser les secrétaires des débats, refusant "analystes" adopté par nos collègues du Sénat et après avoir milité en vain pour "protonotaires", j'avais proposé - avec le même succès - une autre dénomination qui avait l'avantage de se traduire facilement dans d'autres langues et donc d'être utilisable dans des réunions parlementaires internationales, où par exemple nos collègues anglais figuraient comme precise writers.
Th. Bachelet (Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques, 1862), après avoir relevé que : « les abrégés sont utiles dans une littérature surchargée de richesses par de longs travaux, mais ils exigent de leurs auteurs un véritable talent. Bien composés, ils ont parfois fait oublier les originaux : c'est ainsi que l'élégant Abrégé de Justin a peut-être causé la perte de l'Histoire universelle de Trogue-Pompée… » et énuméré les autres livres ainsi condamnés à l'oubli, signalait une sous-espèce qui se distingue en ce qu'on y « reproduit autant que possible les expressions des auteurs originaux » — ce qui est le cas du compte rendu analytique qui, selon la formule de Jean Pouillon, consiste à faire passer pour la tête authentique celle qu'on a réduite au prix d'un travail de Jivaro. Il s'agit de l'épitomé (nom masculin). Or le mot a un dérivé, épitomiste, qui convenait au propos - ce serait d'ailleurs Chateaubriand qui l'aurait introduit dans notre lexique : l'empruntant à Milton (préface à la traduction du Paradise Lost), il a composé un paradigme épitôme / épitomiste, sur le modèle fantôme / fantomatique. On trouve par ailleurs trace d'un verbe épitomer, mais épitomiser me paraît également acceptable.
La distinction faite par Bachelet ne se retrouve pas ailleurs, à ma connaissance, mais j'aime assez cette conjonction de l'abréviation et de la fidélité. Épitomé a un autre mérite, perceptible dès qu'on feuillette un dictionnaire d'anglais. Resté en usage dans cette langue, il en est venu tout logiquement à signifier, à côté d'"image en réduction" ou de "condensé", "quintessence", "exemple même", voire "incarnation" : "He is the epitome of elegance", il est l'élégance même ; "the epitome of Romanticism", la quintessence du Romantisme (Harraps) ; "A man so various that he seemed to be / Not one, but all mankind's epitome" (Dryden cité par le Webster). Pour autant, on ne peut parler d'anglicisme : le terme existe aussi en français du Québec, où l'on trouve des énoncés comme "Sophia Loren est l'épitomé de la femme" (sic) sans sous-entendre pour cela qu'elle en soit un modèle réduit. Il s'agit bien plutôt de la réalisation de l'Idée.
Liste des secrétaires-rédacteurs de 1795 à 1908
par ordre d'entrée en fonction
Levasseur : un régicide Denis-Lagarde : l'universel teinturier Halévy : librettiste pour Morny (Marx : premier reporter français ?) |
Lara-Minot : l'impérialiste |